Nocher, où est mon âme ? [PV Nocher]

Seigneur de guerre Messages : 125 Date d'inscription : 06/08/2009

Jeuvodent avait erré, volant silencieusement le long de cette rivière. Une âme... une chose si abstraite qui pourtant était sensé le composé lui... pourtant, en mille deux cents ans d'existence, il ne l'avait jamais ressentie, il avait pleinement ressentie la vie, pleinement ressentie sa rage et ses sentiments guerriers qui font de lui ce puissant général... sentie les plaisirs et douleur de la vie... mais une âme... était ce une chose importante ?

Il passa au dessus la rivière, puis repassa, rasant ce miroir noir de l'eau. Il ne voyait rien. Il se posa sur le bord de la rivière, planta son arme dans le sol et s'approcha de la rivière au bord de laquelle il s'asseya, sentiment obscure et triste, d'un mot qu'il ne comprend pas.

Il fixait l'eau, fixait l'oubli de l'eau, un néant mélancolique l'emplie. Il était le seigneur du paradis et ne savait absolument ce qu'était l'âme. Il découvrirai cela à sa mort probablement... sa mort...encore une chose qu'il ne savait plus comment s'y attendre... un destin ? pourtant en 1200 ans de vie, il aurait eu mille fois le temps de se préparer à mourir... pourtant jamais ce désir ou cette attente n'avait pu tenir... trop impatient.. sa mort devrait être brutal et nette mais pas d'agonie... vla l'ennuie sinon...

Il repéra une barque, un passeur ? peut être saurait il le renseigner ? saurait il lui expliquer... mourir quel avenir inutile quand on ne pense même pas à sa vie.

"Holà passeur !" fit il approchant.

Invité

Qu’est-ce que le quotidien pour celui qui aime le travail et qui n’a d’autre souci que l’avenir de son royaume ? Ermis ne saurait le dire. Il s’activait chaque jour à sa tâche sans broncher, sans sourciller, faisant encore et encore, les mêmes tâches, les mêmes gestes. Mécaniquement ou naturellement, le Nocher se « réveilla ». Il ouvrit lentement ses yeux et se redressa. Il ne dormait pas. Il n’en avait pas besoin. Son corps ne fonctionnait pas comme les autres. Néanmoins pendant ces phases de repos, quand il revenait à lui, il éprouvait toujours ces impressions désagréables « d’enracinement ». Voilà pourquoi il se refusait si souvent à dormir si longtemps. Il bougea avec une certaine raideur ses articulations, comme un vieillard et songea avec une ironie que ne le caractérisait pas, qu’il n’était plus tout jeune. Avec un soupire, il s’enveloppa dans ses voiles et quitta son abri pour s’approcher de la rive. Journée calme dans ce secteur. Mais il savait bien que le chaos secouait ce pays.

Lentement, il appela à lui sa barque et monta à bord avec des gestes précis quoi que raides. Il n’était pas encore pleinement réveillé. Il grimaça alors qu’il poussa avec force sur son bâton afin d’éloigner son embarcation de la rive, fendant silencieusement les flots. Il n’avait pas besoin de manger. Nécessité dont il se passait. Mais cela ne l’empêchait pas de manger s’il le souhaitait. Sauf qu’il n’éprouvait pas ce genre de désir superflu. Actuellement son regard était porté sur les rives. D’autres Nochers avaient dû œuvrer dans son repos. Car il les trouva étonnamment calme. Comme partout ailleurs et beaucoup d’autres des siens, il avait apprit à supporter les cris de ces âmes en peines, incapable de quoi que ce soit à part hurler, se lamenter et finalement, réduire sa tâche à un parcourt du combattant qu’il n’était pas. Il soupira : il allait changer de secteur pour le moment. Là où ses services seront utiles. Car sa tâche n’était très certainement pas de bailler aux corneilles !

« Holà passeur ! »

Battement de cils. Ermis attrapa son bâton alors qu’il redressa lentement le regard. Quelqu’un était sur les berges. Quelqu’un qu’il n’avait pas l’habitude de croiser. Un quelqu’un bien curieux, car il semblait tout sauf mort. Néanmoins, le Nocher n’était pas surpris de voir un « vivant » dans son sanctuaire. Il n’était pas rare que le vivant se permette se voyage pour des raisons qui leur était propre. Quelques fois, il devait les conduire comme tel, car ils avaient la somme avec eux. Ce qui était, à son goût, assez idiot. Mais n’étant ni juge, ni arbitre de ce qui se faisait ici, là-bas et en haut, il ne pouvait que les conduire. En un allé simple. Pas question de ramener quoi que ce soit. Hormis si la Grande Faucheuse lui en a intimement donné l’ordre.

Mais il divaguait. Il plongea son bâton dans l’eau afin de stopper son embarcation, le tout sans troubler la surface plane, lisse et sombre de la rivière. Il battit des cils encore une fois et fixa avec attention cet étranger. Finalement, il y avait beaucoup de chose étrange depuis son éveil « matinal ». Que pouvait-il bien lui vouloir ? Il ne le savait pas. Mais comme son devoir s’imposait, il guida sa barque jusqu’à la berge, ses yeux rivés sur cet homme. Drôle de manière d’interpeler un agent de la mort mais il ne s’en formalisa pas. Car là n'était pas son rôle. Non. A la place il tendit sa main calleuse, aux longs doigts décharnés, aux ongles abîmés et noirs. Et comme tous les Nochers, il demanda :

- Avez-vous votre obole pour traverser la rivière ?

Seigneur de guerre Messages : 125 Date d'inscription : 06/08/2009

L'ange regarda la main, mais ne fit rien. "Je te donnerai cet argent le jour de ma mort, Passeur, pour l'instant je n'ai pas besoin de ton aide pour traverser cette rivière."

Le seigneur du paradis déploya ses ailes. "Je ne venais à toi, que pour savoir, toi qui connais les âmes, parle moi de la mienne... mon passé n'est pas bien glorieux, même si ma vie est longue pour un mortel, je voudrais savoir toi qui a vu le pire et le meilleur, comment sent on son ame ? comment fait on pour ressentir cette chose en soit..."

L'ange était un peu perdu, jamais la mort ne l'avait inquiété mais il savait qu'un jour il reverrait cet homme pour des raisons bien moins belle... Parler de mort était étrange pour lui.

"Dois je être mort pour comprendre ce qu'était mon âme ?"

L'ange marchait silencieusement, tournant en rond, exposant ses problèmes...

Invité

Le Nocher replia lentement ses doigts avant de la ramener vers lui. Il ne se formalisa pas de l’impolitesse de cet être bien singulier. Il avait tellement vu déjà. C’était la convention et surtout son titre qui faisait qu’il devait toujours et avant tout penser au travail. Les yeux d’Ermis brillèrent d’un vert un peu plus intense alors qu’il le regarda sans déjà plus le voir. S’il y avait quelque chose qu’il n’aimait pas, il se gardait bien de le dire. La seule chose dont il avait le droit de se plaindre, c’était le manquement au paiement. Nul ne traverserait sans payer. Et si cet entité, en face de sa personne, lui disait que son aide était vaine, alors sa tâche était finie et il devrait se retirer, vaquer à d’autres occupations.

Mais cette rencontre, déjà si étrange et spéciale, semblait vouloir déroger toutes les lois qui l’incombaient. Il aurait dû repousser sa barque, s’en aller. Reprendre ses activités, puisque traverser n’était point l’intérêt de monsieur. Cependant… l’Ange déclara qu’il était venu à lui pour lui demander quel était son âme. Les yeux du Nocher s’ouvrirent de stupeur. C’était rare de surprendre le Nocher. Voire même, exceptionnel. Néanmoins ces propos avaient de quoi le prendre de court. Et il était prit de court. Il battit des cils, sa perche appuyée contre son épaule, silencieux.

* Quelle étrange question. Pourquoi un Ange me pose-t-il cette question existentielle ? *

Cette questionna sonna clairement dans son être. Une question de ce genre ne lui parvenait pas souvent. C’était propre aux Hommes de s’interroger sur ce qu’était l’âme. Pas celui des Anges. C’était ce que pensait Ermis. Les Anges et les Démons, côtoyant des autorités divines, devaient bien savoir et sans mieux que quiconque, ce qu’il en était. C’était une première pour le Nocher. Qu’un Ange descende dans le royaume des Limbe afin de l’aborder pour lui demander ce qu’il voyait chaque jour.

- Ce ne sont point là les affaires du Nocher, répondit Ermis.

C’était ainsi. Il devait faire bouger ses bras, planter sa perche sur le sol et pousser de toutes ses forces afin d’éloigner son embarcation loin de cet être. Mais rien ne se faisait. Il restait là, debout. Sa perche sur son épaule, les bras ballants. Qu’est-ce qu’il attendait au juste ?! Il n’en savait rien. Il ne savait rien. Il ignorait complètement pourquoi il n’était toujours pas parti.

A moins que ce ne soit de voir le trouble qui agitait cet être céleste. Un Ange. Un Ange bien agité, tournant en rond, ailes déployées, comme méditant, doutant et éprouvant sans doute beaucoup de chose autant étranger à lui-même qu’au Nocher. Et rien que ce tableau, devait être une des raisons pour lesquels Ermis n’était pas parti. Une autre était son pouvoir. Celui de connaître la nature des gens par leur âme et la résonnance de cette dernière. Et celle de cet Ange était… bien au-delà de ce qu’il avait l’habitude de voir. Prestance et charisme était deux caractéristiques auxquels il se soumettait régulièrement vis-à-vis de la Grande Dame. Elle et personne d’autre.

Sauf lui.

La question qui résonnait encore dans sa tête était toujours un « pourquoi ». Et ce seul fait l’avait retenu que trop longtemps pour qu’il parte. A la place, comme sortant d’une longue réflexion, Ermis commença son explication. Lentement. D’une voix monocorde. Sage et posée. La voix d’un vieil homme, assit au fond de sa barque.

- Ici coule une des artères principales de tout corps humanoïde, expliqua le Nocher en faisant glisser son indexe sur son avant bras dévoilé. Vous, moi, les autres, démons et autres races. Elle est relié au cœur, pompe de toute vie, tant convoité des espèces semi-vivante. L’âme circule aussi dans cette artère. Artère qui bat et réagit à tous les courants de vie qui grouille à travers le monde. Elle se ressent ici, aussi.

Le Nocher, d’un geste calme, posa sa perche sur la poitrine de l’Ange.

- Mais elle s’écoule et s’éprouve de plusieurs façons. La mort n’est pas utile pour sentir son âme, vous pouvez la sentir même vivant. Sauf si vous voulez qu’elle vous échappe et qu’elle finisse entre mes mains. Chose que l’on appelle finitude pour toute espèce vivante. Je vous attendrais le jour venu, d’ici là…

Il n’avait aucune raison de lui parler. Et pourtant, c’est ce qu’il fit. Ses yeux brillèrent une seconde fois d’une manière plus intense que d’ordinaire. Comme si…

- Mais l’âme est la chose la plus mystérieuse qui soit en notre monde. Elle a des origines qui ne s’explique pas, antérieur à bien des choses qui nous dépasse, nous qui sommes hors du Temps mais qui travaillons pour. Ceux qui ignorent le cœur, ignorent parfois aussi cette essence vitale qui coule en eux. L’âme est un appel. Un appel de ce que nous sommes, Seigneur.

Ermis battit des cils. Qu’est-ce qu’il venait de… ?!

[-hj- réponse un peu étrange. La fatigue sans doute. Je m'excuse pour les éventuelles répétitions.

Seigneur de guerre Messages : 125 Date d'inscription : 06/08/2009

Jeuvodent sourit, ce nocher était à la hauteur de ce qu'il attendait.

"Je ne me souviens pas avoir parler de mon rang, Nocher, mais cela ne m'étonne pas de vous..."

Le seigneur dévoila son torse face au nocher, celui ci marqué de deux balafres impies et démoniaques.

"La question qui m'amène ici... est... comment un être aussi corrompu que moi peut il encore avoir une âme ?"

Il laissa aller à sa mémoire, les images de la corruption démoniaque qui avait pratiquement dévoré le seigneur du paradis qui n'avait pas succombé uniquement grâce à son arme bénie.

"Je me sens démon depuis ce jour... j'en viendrais presque à ma hair..."

Il fixait Ermis avec intérêt, un ange peut il vivre sans âme ?... suis je plus proche du démon que de l'ange ?"

Il était inquiet... pas de son décès... de son après vie...

L'ange observait ce nocher avec intérêt et ne pensa pas à la courtoisie de présenter, Le nocher avait compris qui il était apparemment. Inutile de parler pour ne rien dire

*HRP : J'ai vu que tu m'appelais seigneur =p pas grave, on dira que c'était la fatigue xD*

Invité

[-hj- Exact, je n’ai pas fais attention. Je m’en excuse platement et veillerait à ne pas reproduire ce type d’erreur –hj-]

Le Nocher fixa la blessure que l’Ange lui exposa sans pudeur. Le regard neutre, le visage sans expression, il comprit pourquoi il parlait à cet Ange. Il su aussi pourquoi il éprouvait des sentiments aussi familier. Non. Pas familier. Similaires. C’était au charisme et à la prestance qui incombait les être supérieurs à laquelle Ermis se soumettait. Comme avec la Grande Dame. Sauf qu’ici c’était un Ange. Les âmes parlaient pour les gens. Elles étaient la souche qui dévoilait la nature même des gens. Si tout ce qui se trouvait en une personne, qu’importe sa race, sa nature, sa classe ou son origine, pouvait être confiné en une seule chose, physique ou pas : ce serait l’âme.

Il écouta encore cet être à qui il savait qu’il devait autant de respect qu’à Elena. Il le sentait. Pas dans ce qu’il disait, Ermis était sourd aux mots (Nocher oblige, vu le nombre d’âme déchue qui tombait dans leur royaume et qui ne cessaient de gémir et se plaindre sur les Berges). Mais dans ce qui résonnait en lui. Un écho clair, distinct parmi tous les autres bruits qui les entouraient, du bruissement de ses ailes, celui du tissu de ses vêtements jusqu’au clapotis de l’eau contre sa barque.

En voyant ces stigmates d’un dilemme profond pour cet être céleste, le Nocher écouta les échos en lui. Si deux natures d’âme se disputaient, il y avait corruption. Mais le déchirement ne se faisait pas aussi facilement. Il devait y avoir une raison pour qu’il chute. Les âmes étaient comme tout : elles avaient un trait spécifique. Quelque chose qui les qualifiait puisqu’elle était portée. Mais le Nocher ne parvenait pas à bien comprendre les angoisses du Seigneur en face de lui.

Sa question le fit méditer quelques secondes avant qu’il ne s’exprime, toujours calmement :

- Le Nocher ne vous dira qu’une chose : avant qu’un démon n’en soit un, il a été Ange. Vous avez, deux camps, deux races qui se distinguent mais qui ont la même origine. Ca a tendance à s’oublier. Mais je n’oubli pas. Que le premier à tomber, a été comme vous.

Il se tut. Manquant une pause dans ce qu’il allait dire. Il y avait une âme dans ce qu’il vivait. Que son âme soit celle d’un Ange ou celle d’un Démon, cet être céleste aura toujours une âme. La différence étant qu’un démon éprouvait plus de difficulté à saisir cette âme, son sens et sa valeur. Il l’avait dit un peu avant. La perte du cœur dans son aspect le plus métaphorique engendrait aussi une perte de ce ressentit de l’âme. Mais l’âme n’était pas une chose physique, un être vivant à part entière. Elle était beaucoup plus subtile, beaucoup plus mystérieuse et même chez les mortels comme les êtres supérieurs, elle suscitait la même interrogation.

Le Nocher leva sa main la tendit devant lui, comme pour toucher cette blessure sans qu’il ne s’approche. Geste symbolique ? Sans doute.

- Actuellement votre âme est troublée. Elle s’agite. L’inquiétude et le doute que vous éprouvez sur votre propre personne, sur ce que vous êtes et qui vous êtes la rend plus présente. Je l’entends. Elle tremble. Et votre trouble grandissant la déchire entre deux natures que vous pensez différentes mais qui sont communes d’origine. La seule différence qui réside dans votre inquiétude c’est une question d’idéaux et de point de vue.

Il baissa main et médita encore un instant.

- Le Nocher se moque de ce qu’Ange et Démon veulent. Protection ou destruction, qu’importe la vie que vous mènerez en tant qu’Ange ou en tant que Démon votre finitude sera ici. Ce qui se passe au-delà d’ici n’a d’intérêt que pour vous. Et vous seul pouvez faire les choix qui vous incombe. Le Nocher n’a pas à vous influencez. Ou vous guider.

Ermis ramena son bâton contre lui, le plantant dans le sol, comme prêt à repartir. Mais son regard se posa encore une fois sur ces cicatrices. Lourdes et injurieuses. Il plissa les yeux un instant avant de rajouter :

- Vous avez résisté. Mais vous savez que vous faillit chuter. Votre âme est troublée par cette corruption. Ce dont vous avez besoin, ce n’est pas moi. C’est de vous-même.

Seigneur de guerre Messages : 125 Date d'inscription : 06/08/2009

Jeuvodent appréciait peu la vérité... même démon, il aurait une âme...mais il ne pouvait tolérer de devenir une engeance maléfique.

"Et bien je vivrais avec ce fardeau...Nocher..."

Il ouvrit de nouveau ses ailes, ses doutes comme envolés, un seigneur ne doit pas douté, sinon ses hommes doute également. Et le doute mène au chaos.

"Qu'importe le mal en moi, je suis et serais toujours maitre de mon âme"

L'ange sourit. "Nous nous reverrons avant ma mort cher nocher, d'ici là vous m'appelerez Jeuvodent"

Il décolla attendant l'adieu et les dernières paroles du nocher avant de partir.

Invité

Le Nocher regarda cet Ange déployé ses ailes et raffermir sa volonté de rester maître de lui-même. Il battit des ailes, sans détourner le regard. Voir un Ange dans toute sa splendeur serait fatal à n’importe qui, même lui. Mais le Nocher écoutait son âme. La vérité ne lui plaisait pas. Et cette intolérance face à ce fait fatidique lui avait fait faire un choix. Un seul. Qui décidera d’un futur. Parmi tous les autres possibles. Ermis avait souvent pensé qu’il était dommage de limiter le nombre de futur exploitable en imposant ces choix. Mais la vie serait ingérable si tous les futurs étaient exploités. Alors, en ce sens, cet unique choix, même infime, était digne de respect. Et c’est ce que témoigna le Nocher à cet Ange.

Il plaça sa main sur sa poitrine, et inclina légèrement la tête en avant. Les Nochers ne s’inclinaient jamais. Surtout Ermis. En dehors d’Elena, il n’éprouvait généralement pas ce sentiment que de devoir traiter celui qui était en face de lui d’une autre manière qu’avec neutralité. Mais lui. Il était différent. Un Ange pas comme les autres. Une différence que le Nocher percevait naturellement en lui. Car aucun Ange n’était descendu de son plein gré dans ce royaume pour parler avec un Nocher sur sa condition. Ni même qu’il eut vu un Ange user de ses propos pour décider « d’après maintenant ». C’était quelque chose que seul le Nocher comprenait l’importance.

Même si sa loi était de ne pas influencer, l’Ange n’avait-il pas décidé qu’il était et serait maître de lui-même ? Il n’avait qu’énoncer la vérité après tout. Ce choix ne dépendait pas de lui. Et il n’aurait cette prétention. Le Nocher se moquait de la notoriété ou autre attribut dont il se passait très bien. De plus aucun Ange ne lui assurait avec tant d’assurance qu’ils se reverront à nouveau, avant la mort du concerné. Cette affirmation surprit Ermis. Voir un Ange en vie dans ce royaume, c’était quelque chose. Mais que ce dernier lui assure qu’il le reverrait encore vivant… c’était autre chose. Une chose singulière. Qui fit éclore un sentiment étrange dans la poitrine inerte du Nocher. Comme un jeune bourgeon. Simple. Blanche. Mais étrangère.

Ce sentiment n’avait pas sa place en son être. Aussi se dépêcha-t-il d’en chasser les pétales frêles de son cœur immobile. D’où venait ce trouble ? Même devant Dame Elena il n’avait jamais éprouvé quelque chose de semblable. Plus il y songeait et plus il avait l’impression que tout ce qui concernait cette rencontre venait de faire naître dans sa vie de Nocher, un futur auquel il ne s’attendait pas.

- Seigneur Jeuvodent, fit le Nocher en accédant à sa requête que de l’appeler par son nom. Laissez-moi vous dire une dernière chose. La dernière que le Nocher puisse vous dire. Vous qui avez éprouvé du doute : « Le mal triomphe que dans l’inaction des gens de bien ».

La main du Nocher tomba de sa poitrine alors qu’il lâchait lentement ses mots. Expression de sa sincère attention envers l’Ange. Attention très déplacé, sans doute. Mais le Nocher s’en moquait. Le mal triomphe dans l’inaction des gens de bien. Cela avait tout son sens. Dans l’âme de Jeuvodent, Ermis su que ces mots avaient leur place. Cet Ange dont la poitrine stigmatisée était la marque d’un dilemme. Jeuvodent avait douté. Doute qui n’était très certainement pas permis dans ce conflit. Et ce doute l’avait rendu sans doute plus passif. Être en proie avec soi-même n’aide pas dans une guerre. Et ce temps là, ce combat contre lui-même… avait sans doute donné plus de raison à ce mal qu’il combattait au-delà de sa propre personne.

- Il est singulier qu’un Nocher dise cela. Néanmoins… à notre futur prochaine rencontre, Seigneur Jeuvodent.

Ermis s’inclina pour la dernière fois avant de prendre son bâton en main. Il planta sa perche au sol dans un geste lent mais puissant avant de pousser dessus afin de s’enfoncer dans le courant de la rivière, ses yeux d’un vert prisant fixant encore cet être céleste.

* Notre futur n’a prit que premier tournant. Votre catatonie est finie, vous ne pouvez plus rester là. Vous êtes libre de vos tourments… ou bien le mal se passera de votre résistance, Ange Jeuvodent… *

[-hj- pardon pour ma réponse tardive. Mettez-le sur le compte du déménagement. -hj-]

» Un Nocher soldat (PV Elena)